La Banque Centrale Européenne à baissé à un niveau historiquement bas ses taux directeurs, jeudi 5 juillet dernier. Que faut il en conclure?
L’absence d’inflation justifie t’elle à elle seule cette décision au moment ou les banques et les Etats européens sont déjà sous perfusion de liquidités injectées par la banque centrale?
Ce coup de pouce intervient au moment ou la cohésion économique, politique de l’Europe est mise à rude épreuve.
Certaines voix dénonceront que l’action de la banque centrale profitera une fois encore aux institutions financières dont les marges se reconstituent en vue de répondre aux exigences de Bâle III et Solvency II.
Cette action permet de refinancer à moindre coût le bilan des banques toujours garni d’actifs risqués.
Les tensions répétées sur les obligations d’Etats des pays surendettés fragilisent tout autant la valorisation des encours gérés.
La dégradation de la dette espagnole et italienne par les agences de notations provoque des ventes forcées dans un marché obligataire dont les acteurs sont peu enclin à accumuler d’avantage de risques.
Dans ce contexte, la convergence des taux d’intérêt tarde à se restaurer en Europe. Si l’écart de rendement tend à se stabiliser entre la France et l’Allemagne à 110 bp, l’écart entre les Etats du nord et du sud s’accroit de façon insoutenable.
Inutile de chercher des boucs émissaires à cette situation ou l’attentisme prime eut égard l’incapacité des politiques européens à s’accorder sur des mesures économiques et politiques communes.
A quoi bon reprocher à JP Morgan de ne pas assurer la liquidité du marché après avoir vendu de façon massive des Crédits Default Swaps à des institutionnels en perdition qui ont couvert tardivement leur risque de crédit au pris fort.
Imaginez vous réclamer la prime versée à votre assureur sous prétexte de n’avoir pas eu d’accident de voiture?
Devons nous reprocher à nos concitoyens d’épargner dans un contexte économique et social aussi difficile? La situation insoutenable de la dette et la hausse annoncée des impôts nous renvoie à la théorie de Ricardo. En 2004, la Direction Générale du Trésor et de la Politique Economique avait suggéré que les ménages, de la zone euro et de la France, pouvaient suivre un comportement ricardien : « une hausse de 1 point de PIB du déficit public structurel serait compensée par une augmentation de 3/4 de point de PIB de l’épargne privée, ce qui serait cohérent avec un comportement largement ricardien des ménages de la zone euro. »
http://www.tresor.economie.gouv.fr/file/326736
L’occasion m’est ici donnée de vous orienter une nouvelle fois vers le site du trésor ci-dessous, ou vous pourrez consulter le 2ème projet de loi de finances rectificative pour 2012 présenté le 4 juillet dernier.
http://www.tresor.economie.gouv.fr/
A ce titre, le coup de rabot donné au forfait social risque de créer des difficultés supplémentaire à un secteur privé en quête de stabilité sociale et de productivité. Cette mesure pénalise non seulement les entreprises mais aussi par ricochet 8.8 millions de salariés du secteur privé qui bénéficient d’un accès à l’épargne d’entreprise.
Le marché de l’immobilier devrait, quant à lui, profiter du niveau historiquement bas des taux de la BCE et prendre à contre pied ceux qui anticipent une correction notable des prix. Certes, la conjoncture générale et l’accroissement du taux de chômage ont peu de chance de tirer les prix à la hausse. Pour autant, les taux bas pourraient relancer le nombre des transactions affecté ces derniers mois par un accès difficile au crédit bancaire.
La concomitance d’un affaiblissement de l’€ pourrait même stimuler le retour d’investisseurs étrangers sur Paris et les propriétés d’exceptions.
Spread EUR-USD (source Bloomberg)
Le taux de rendement servi sur un contrat à capital garanti, devrait continuer à s’afficher à un niveau faible. Un transfert progressif et graduel vers des Unités de Comptes sélectionnées pourrait se justifier si la faiblesse de l’€ venait à se confirmer.
Vous en conviendrez, l’action de la BCE ne va pas changer de façon radicale notre quotidien, mais devrait stimuler le sens de l’initiative des investisseurs et des entrepreneurs touchés par les réformes en cours.. Le monde bouge. Certes, il est parfois urgent d’attendre mais aussi tout aussi dangereux de ne rien faire.
Il y a bientôt un siècle, la théorie de l’évolution de l’économie décrite par Joseph Schumpeter , plaçait déjà l’entrepreneur comme un acteur fondamental de l’activité économique qui incarne à lui seul le pari de l’innovation. Une thèse toujours d’actualité.