Télétravail, chômage technique, scolarisation à domicile, tout juste un mois après le décrochage boursier le plus rapide de l’histoire, notre environnement a radicalement basculé vers un confinement généralisé.
La situation sanitaire mondiale en cours, révèle à bien des égards des réactions anxiogènes et une mise à l’épreuve autant individuelle que collective.
Les marchés ont-ils une nouvelle fois surréagis ?
De façon paradoxale, l’abondance de liquidité qui avait jusqu’alors porté le rendement des obligations d’Etats à servir des intérêts inférieurs à zéro et aidé les bourses à atteindre de nouveaux sommets, c’est soudainement inversé.
Les perspectives de récession mondiale ont déclenché des réactions financières inégalées.
La recherche effrénée de valeurs refuges et la quête de liquidités ont alimenté une spirale dévastatrice.
La part croissante de la gestion passive dans les placements a amplifié la volatilité qui a mené à la dislocation les marchés obligataires de dettes d’entreprises au-delà des niveaux de stress atteint en 2008.
La référence à la crise financière de 2008 se limite aujourd’hui à cela.
Au cours des 10 années qui ont suivi la chute de Lehman Brothers, le législateur comme le système financier dans son ensemble ont déployé une pyramide de réformes visant à extraire les risques confinés dans les bilans des structures financières. A l’aide de stress test, les établissements financiers, se sont adaptés à l’arsenal réglementaire visant à réduire le risque systémique. Le renforcement des fonds propres, l’amélioration des ratios de solvabilité, l’analyse des engagements, les ratios d’endettement sont autant d’indicateurs scrutés par les investisseurs pour estimer la valorisation et le potentiel des entreprises comme la résilience des Etats.
La crise sanitaire qui s’impose désormais à tous, prend l’apparence d’un stress test généralisé.
L’intervention financière massive des banques centrales et gouvernements a fini par calmer pour l’heure les marchés. L’impact sanitaire sur les économies, les finances des Etats, les trésoreries d’entreprises en particuliers sont scrutées à la loupe avec une question centrale.
Quels seront les impacts de la crise sanitaire sur l’économie, la consommation, nos modes de vie, sur les entreprises, les déficits, à l’issue du confinement ?
Si les performances passées ne présagent pas des performances futures, la thésaurisation du capital n’apparaît pas comme une solution d’avenir exempte de tout risque.
En parallèle, l’expertise strictement financière de nombreux acteurs de la gestion de portefeuille s’implémente par la force des choses, de façon progressive d’une analyse extra-financière. L’émergence des fonds intégrant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernances s’intensifie avec la labellisation de l’investissement socialement responsable.
Compte tenu du contexte et la demande croissante de la part des investisseurs, l’Autorité des Marchés Financiers encourage la dynamique en faveur d’une finance durable. Le 11 mars dernier, une recommandation est venue renforcer la doctrine de l’AMF en définissant un certain nombre de critères permettant d’apprécier la qualité de l’information fournie aux investisseurs et sa cohérence avec les approches de gestion extra-financière mises en place par les sociétés de gestion. A l’horizon du mois de novembre 2020, la documentation d’information et DICI des fonds concernés devront être adaptées afin que les critères extra-financiers soient présentés comme un élément central de la communication du produit. Les effets significatifs et mesurables des objectifs devront être définis par le gestionnaire.
L’effort de communication des sociétés de gestion les plus en vue en la matière, vise à renforcer la pédagogie des investisseurs privés tout comme la notion de risque attachée à tout investissement.
Au risque d’alimenter la controverse, l’expertise extra-financière n’a pas vocation à sous pondérer la recherche de performance financière, bien au contraire.
Elle contribue à mettre en lumière l’adaptation des entreprises à l’environnement économique tout en évaluant sa contribution sociétale.
L’histoire devrait nous éclairer plus rapidement que prévu sur la capacité des entreprises à répondre aux défis environnementaux et sociétaux.